 Aquarelle de Georges Sogny vers 1943 |  |
L’origine de la paroisse du Vigen est attribuée à un oratoire construit à la fin du 7ème siècle pour l’ermite Saint Théau et en l’honneur de Saint Eloi. L’église Saint Mathurin aurait été édifiée à l’emplacement de cet oratoire dont il ne reste aucun vestige.
L’église fut édifiée en deux campagnes. La nef, le transept et le chœur datent de la fin du 11ème siècle ou du début de 12ème. Le porche et le clocher mur sont du 13ème siècle. A l’origine il n’y avait pas de sacristie et la toiture était probablement en lauzes.
Des réparations furent nécessaires à diverses époques. Elles furent importantes au 19ème siècle :
- Construction de la sacristie dans l’axe du chœur et probablement ouverture, dans le transept, des baies plus larges. Des sondages récents indiquent que la croisée du transept a été retravaillée et que les doubleaux et les piles ont été consolidés voire reconstruits en brique.
- Création du décor de faux joints en partie haute et mise en place d’un lambris bas en bois.
- Installation de la plus grande part du mobilier.
- Remplacement de la couverture primitive en lauzes par une couverture en ardoises de médiocre qualité.
L’église paroissiale Saint Mathurin a été classée Monument Historique le 11 décembre 1912. Depuis les nombreux travaux d’assainissement et de consolidation n’ont pas profondément modifié l’église telle qu’elle était à la fin du 19ème siècle. La seule transformation importante, quant à l’aspect du monument, fut en 1980 la réfection de la charpente et le remplacement des ardoises par des tuiles. La pose de témoins et les sondages réalisés en 1998 rassurèrent sur la stabilité de l’édifice qui repose directement sur des roches métamorphiques compactes.
Plus récemment de 2010 à 2017 trois campagnes de restauration ont été conduites.
La première (2010 – 2011) a porté sur la restauration extérieure du clocher et du portail ouest, le renforcement structurel, la réfection complète de la couverture. La deuxième (2013 – 2014) visait à la restauration complète de l’intérieur. Le parti de restauration a consisté à restaurer non pas selon les dispositions d’origine de la construction du monument, dispositions dont nous ignorons largement les détails, mais selon celles du 19ème siècle qui forment un ensemble cohérent avec le mobilier, les vitraux, les décors peints. La troisième (2016 – 2017) a concerné les objets c’est-à-dire les statues et les tableaux. Tous les objets n’ont pas été repris ; seuls l’ont été ceux qui étaient classés ou protégés. Les autres, de faible intérêt patrimonial, cultuel, culturel ou artistique, n’ont été ni restaurés ni réinstallés et il n’est pas prévu de le faire. Ils sont conservés en lieu sûr. Les objets réinstallés l’ont été de façon à les mettre en valeur et sont sécurisés. Une pièce d’intérêt majeur, le bras reliquaire, absent de l’église de très longue date y a retrouvé sa place dans une vitrine sécurisée. |  Taille de la pierre et mise en place |  |
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Le coût total de ces restaurations, pilotées par la DRAC, a été de 650.000 euros environ, financés par l’État, la Région, le Département, la Commune, les dons recueillis par la Fondation du Patrimoine.
L’église Saint Mathurin est en forme de croix latine. Elle est en maçonnerie de granit. Les parements extérieurs sont pour grande part rejointoyés à pierre vue et les contreforts, droits pour la plus part, sont en maçonnerie appareillée. |
La façade occidentale comporte un portail de type limousin en plein cintre à cinq voussures sans tympan, cantonné de chaque côté de cinq colonnettes sur lesquelles les tores des archivoltes cintrées retombent. En partie haute un glacis maçonné, reposant sur des modillons sculptés dont certains anthropomorphes, protège le portail des intempéries. Celui ci est surmonté d’un clocher mur à deux étages comportant des baies jumelles. Les ouvertures du clocher se superposent deux à deux. Sur chaque niveau les baies sont surmontées d’arcs légèrement brisés retombant au milieu sur des colonnettes adossées au trumeau qui les sépare. Chacune des baies inférieures abrite une cloche en bronze de forme tulipe. La plus petite date de 1808. Au bas figure une croix de saint Mathurin et la Sainte Vierge tenant l’enfant Jésus. La plus grande date de 1839. Elle fut baptisée au nom de saint Mathurin |  |  |
La totalité de la couverture de l’église est en tuiles plates. La toiture à longs pans est continue de la nef au chœur. Les croisillons du transept sont à deux versants et en légère pénétration dans la couverture du chœur. La toiture de la sacristie est à cinq pans. L’église est composée d’ouest en est : - D’un porche voûté d’une coupole sur pendentifs triangulaires.
- D’une nef de deux travées voûtées en arêtes retombant sur des pilastres.
- D’un transept à croisée couverte d’une coupole octogonale sur pendentifs et de croisillons à voûtes d’arêtes et d’un chœur à chevet plat.
- D’une sacristie axiale pentagonale d’époque moderne.
Les parements intérieurs de l’église, murs et voûtes, sont en grande partie enduits et peints d’un décor de faux joints. Les liserés sont de deux teintes, ocre rouge et gris foncé. Des guirlandes ocre rouge à motif de petites fleurs courent sur les murs au droit des voûtes et en prolongement, le long des piles encastrées. Des décors du 19ème siècle, masqués par l’enduit en faux joints et redécouverts lors des récentes restaurations, ont été conservés au fond du chœur et dans la coupole. Quelques piles adossées, quelques doubleaux, les coupoles ou encore le revers de la façade occidentale sont en pierre appareillée et comportent des joints marqués d’un liseré coloré. L’église comporte des baies étroites qui dispensent peu de lumière. Ces baies sont pourvues de deux types de vitraux: des vitraux à décor géométriques simples assez clairs et des vitraux à décor géométriques plus sombres, datant du 19ème siècle. Seul le vitrail axial de la sacristie (ne se visite pas) est figuratif. Il date aussi du 19ème siècle. |
 La nef |  Le chœur |  Vitrail figuratif |  Vitrail géométrique |
 Le décor redécouvert du chœur |  Le ciel décoré du chœur |
Des lambris en bois habillent le soubassement des murs de l’église. La chaire à prêcher s’intègre à cet ensemble.
Les décors de faux joints, les lambris, le mobilier sobre mais de qualité donnent une unité à cet édifice d’une grande sobriété intérieure et participent de son histoire et de sa mise en valeur.
On note parmi la statuaire des pièces remarquables.
 Saint Mathurin |  Vierge à l’Enfant |  Le Prophète |  Saint Fiacre |
- Saint Mathurin : Bois peint du 17ème siècle. Foulant à ses pieds un dragon, Saint Mathurin est représenté en rochet et chasuble. Il tient dans sa main gauche un livre fermé.
- Vierge à l’Enfant : Bois peint polychrome doré à la feuille du 15ème ou 16ème siècle. La Vierge présente aux fidèles l’Enfant Jésus qui esquisse un sourire. Elle est couronnée et vêtue d’une grande robe dorée à col carré et décor de grandes fleurs maintenue à la taille par un rosaire où alternent petits et gros nœuds. Un manteau blanc à revers bleu et bordure dorée est jeté sur ses épaules. Elle porte un voile blanc sous une couronne à fleurons. L’Enfant Jésus est vêtue d’une tunique rouge. Cette statue a été retrouvée vers 1925-1930 dans les écuries de l’ancien presbytère.
- Le Prophète : Bois peint polychrome du 15ème ou 16ème siècle. Le Prophète est coiffé d’un chaperon et vêtu d’un collet sur une longue robe à manches amples. Une bourse est suspendue à la ceinture de la robe. Il tient de sa main gauche un phylactère vierge de toute inscription, dont l’extrémité retombe sur le sol. Cette statue a été retrouvée vers 1925-1930 dans les écuries de l’ancien presbytère.
- Saint Fiacre : Pierre calcaire du 16ème siècle. Le saint porte un costume monacal. Le fer de la bêche demeure à sa gauche mais les avant-bras et le manche de la bêche manquent.
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 Sainte Radegonde |  Adorateur |  Adorateur |  Angelot |
- Sainte Radegonde de Poitiers : Bois peint du 17ème siècle. Sainte Radegonde est représentée en costume de religieuse. Elle est couronnée et tient un livre dans sa main gauche.
- Adorateurs : Bois peint du 18ème siècle. Probablement Saint Jean l’évangéliste à droite et Sainte Madeleine à gauche agenouillés aux pieds du crucifié. Ces statues devaient être des éléments d’un calvaire.
- Angelot : Bois peint polychrome doré probablement du 16ème siècle. L’ange est vêtu d’une aube dorée. Il était porteur d’une réserve eucharistique. Il est en position horizontale, pieds au mur, bras tendus en avant. Les courroies de suspension de la réserve passaient dans une petite poulie tenue entre les mains jointes. Les ailes ont disparu.
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 Angelot |  Bras reliquaire |
- Bras reliquaire : Ce bras-reliquaire est une pièce composite. Seule la manche semble être du 15ème siècle. La main, les pièces du poignet et le fond sont de la fin du 18ème siècle ou du 19ème siècle. L’assemblage du poignet sur la manche semble bien attester un remontage ainsi que le fond maintenu par des crochets. La relique conservée à l’intérieur n’est pas identifiée. Ce reliquaire a été classé Monument historique en 1891. Ce bras-reliquaire est constitué d’une feuille de métal mise en forme et soudée pour la manche et d’une main en métal fondu ; ces deux pièces sont reliées au niveau du poignet par deux feuilles de métal mises en forme, soudées, emboîtées l’une dans l’autre et vissées au bord supérieur de la manche. Cette manche est gravée de motifs décoratifs inscrits dans des losanges ; sur la face antérieure elle présente un ajourage en forme de baie gothique avec remplage pour montrer la relique ; une petite porte avec charnières et goupille referme cet ajourage. La base du reliquaire est fermée par un fond qui s’emboîte sur la manche et qui est maintenu par deux crochets.
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Deux tableaux viennent compléter les objets remarquables
 Vierge à l’Enfant | - Vierge à l’Enfant assise : Huile de la 1ère moitié du 19ème siècle.Ce tableau serait une copie, d’après un modèle non identifié à ce jour. La Vierge assise, de profil, vêtue d’une robe décolletée, serre son visage contre celui de l’Enfant Jésus qu’elle tient au cou. L’Enfant Jésus se tourne vers le spectateur et esquisse un sourire.
- Saint Jérôme pénitent : Huile du 17ème siècle. Saint Jérôme est représenté nu sous son manteau, auréolé, tenant une croix, assis à une table sur laquelle est ouvert un livre. Un crâne et un sablier sont posés à côté
|  Saint Jérôme |
Saint MathurinUn moine parisien découvrit son existence en 875 et l’introduisit dans le martyrologe. Cent ans plus tard on lui composa une biographie légendaire. En voici une des versions : Mathurin naquit de parents païens dans le Gatinais au 3ème siècle. Il fut secrètement baptisé par l’évêque Polycarpe de Smyrne à l’âge de douze ans. Il convertit ses parents, devint prêtre à l’âge de vingt ans et commença dès lors à accomplir des miracles. Il avait un don particulier pour calmer les énergumènes et chasser les démons. L’empereur de Rome, Maximien, le fit mander pour soigner sa belle fille Théodora. Mathurin se rendit à Rome et fit boire à la princesse un peu d’huile qu’elle rendit sur le champ avec le démon qu’elle avait dans le corps. Après avoir renvoyé en enfer cet esprit mauvais, Mathurin vécut encore trois ans à Rome mettant au service des chrétiens l’amitié que lui vouait la famille impériale. Quand il mourut on l’inhuma dans un cimetière romain ; mais c’est à Larchant qu’il voulait reposer ; aussi obtint-il la grâce de ressusciter la nuit suivante et de retourner se faire enterrer dans son village. La légende de la délivrance de la fille démoniaque valut à Mathurin d’être invoqué pour la guérison des fous. |
P451 – 16/09/18 – 21/02/20