Frédéric Le Play et Ligoure

Un économiste et sociologue fondateur

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Pierre Guillaume Frédéric Le Play naît dans une famille modeste le 11 avril 1806 à la Rivière Saint Sauveur (Calvados). Après le départ de son père Pierre en 1811, sa mère Rosalie trouve à Honfleur, une situation d’intendante dans un établissement scolaire. Plus tard Frédéric vient habiter à Paris chez son oncle et sa tante mais revient pour les vacances au pays de Bray au milieu des bûcherons, des chasseurs, des pêcheurs et des ouvriers agricoles. Après une préparation au lycée Louis le Grand il entre en 1825 à l’Ecole Polytechnique dont il sort second deux ans plus tard pour rentrer à l’Ecole des Mines. En 1829 il entreprend un voyage d’études en Allemagne du nord avec son ami Jean Raynaud. Parcourant 6800 km à pied en 200 jours, ils  visitent mines et usines et étudient la population ouvrière.

La carrière de Frédéric Le Play devient foisonnante. Il est chargé par le Prince Demidoff de réorganiser les mines de l’Oural qui emploient 45.000 personnes ; il est professeur à l’Ecole des Mines et membre de la commission de refonte des hautes études scientifiques et littéraires. Il fonde la Société d’Economie Sociale. Napoléon III lui confie la charge de Commissaire Général pour l’exposition universelle de 1855 puis la section française de l’exposition de Londres de 1862, enfin l’organisation de l’exposition de 1867. Il est Conseiller d’Etat, Sénateur, Inspecteur Général des Mines. Sa distance vis à vis des partis lui permet, de 1830 à 1870,  de participer activement à tous les débats de politique industrielle et sociale. Sociologue de réputation internationale ses interventions dépassent largement le cadre français. Il est Grand Officier de la Légion d’Honneur, Il accumule les titres et les honneurs internationaux. Il refuse toutefois d’être anobli

Buste de Frédéric Le Play

La guerre de 1870 et la chute du Second Empire le rendent à la vie privée. Il passe les dernières années de sa vie à s’occuper de son œuvre, propager sa doctrine, et construire des Unions de la Paix Sociale. Il en fait ouvrir une en Limousin par son voisin et ami Adrien Delor, maire du Vigen pendant plus de quarante ans à partir de 1871.

Sensible aux problèmes sociaux, il veut réformer la société par le savoir scientifique et technique. Il conçoit la méthode de l’enquête directe par laquelle il observe la réalité sociale. Il récuse l’idée d’étudier la société dans son ensemble et concentre son analyse sur l’unité de base que constitue la famille. Il choisit, comme sujet d’étude, le type de famille le plus répandu : la famille ouvrière.

L’originalité et la modernité de sa méthode apparaissent dès 1855 dans son ouvrage « Les Ouvriers Européens » qu’il publie à la demande d’Arago, Dumas et d’autres amis. Ses publications seront nombreuses, notamment « la Réforme Sociale » en 1863, mais toujours selon la même méthode et la même doctrine.

Il aime « le document vivant ». Il a peu de goût pour les lettrés, qui se laissent aller trop volontiers aux nouveautés brillantes et téméraires, et pour les juristes qui ont le fétichisme des codes et voudraient y enfermer le monde. Pour lui, la meilleure partie de la constitution d’un pays est extérieure à ces codes, et réside dans les mœurs et l’initiative privée. Il interroge, sans relâche, paysans et ouvriers, et déclare avoir beaucoup appris d’eux. Il constitue la science sociale, non dans les bibliothèques et à coup de livres, mais en plein air, au village, dans la cité, au foyer des familles, dans l’atelier industriel ou dans le domaine rural

En 1856 il achète le domaine de Ligoure sur les conseils de son ami Michel Chevalier, né à Limoges et économiste comme lui. Par acquisitions successives le domaine atteindra 400 hectares. Il y découvre le colonage (métayage), organisation qui semble résoudre mieux qu’ailleurs, les difficultés de l’alliance du capital et du travail. Dès qu’il le peut il vient à Ligoure où il prépare pour son fils, qui s’y installe en 1867, une “œuvre agricole”.

Ligoure fait partie de l’œuvre de restaurateur de la science sociale que fût Frédéric Le Play. C’est là que son idée de la famille souche s’est incarnée.

Le 5 avril 1882 Frédéric Le Play meurt à Paris d’une affection cardiaque. Il est enterré au Vigen en dehors de toute pompe et de tout honneur.

Château de Ligoure

Sources : Diverses mais plus particulièrement « Ligoure en Limousin » de Béatrice THOMAS MOUZON – 1990

P102 – 23/10/17 – 10/07/18